
Afin d'avoir une véritable place à jouer dans cette révolution, il faut choisir les batailles que nous souhaitons mener. Certes la Suisse est un pays d'innovation, avec un mentalité résolument tournée vers le travail, des conditions cadres exceptionnelles, des écoles et universités, toutes aussi extraordinaires. Néanmoins croire que nous sommes en mesure de tout faire et de concurrencer tous les secteurs relève de l'utopie. Il y a des choix à faire.
Même si je suis quelqu'un de résolument tourner vers l'avenir, pour une fois je pense qu'il faut observer le passé et analyser les forces de notre pays, et celle de notre région. Je crois qu'à tous les niveaux, aussi bien au niveau du secteur public, des entreprises privées, du tissu international installé dans notre région, il faut s'appuyer sur ce qui à fait la réputation de notre pays et accélérer la transformation de ces secteurs-là.
Prenons par exemple la gouvernance. De part la neutralité, la stabilité et le savoir-faire développés depuis des décennies, la Suisse et Genève en particulier se trouve au coeur de la majorité des discussions compliquées, tels que les guerres, les conflits potentiels, l'arbitrage international, etc. Les enjeux actuels et ceux à venir liés à la digitalisation verrons tout autant de zones d'ombre, de conflits, voire de guerres que ce que nous avons vécu dans le monde réel. Je pense même que la complexité de ces potentiels conflits va ne faire que s'accentuer. Aujourd'hui, des projets/entreprises qui n'existaient pas il y a 10 ans détiennent un pouvoir majeur sur notre société. Par conséquent, une gouvernance au niveau politique, mais également au niveau du business est nécessaire.
Alors que la Suisse alémanique détient les clés de notre business intérieur, c'est bien en Suisse romande que se joue la partie internationale. Pas seulement au travers des organisations internationales, mais également des associations, fédérations, entreprises,... internationales.
Au niveau de nos entreprises, certains secteurs d'activités, tels que l'horlogerie, les sciences de la vie, etc. sont difficiles à reproduire. L'enjeu pour ces secteurs leaders est d'évoluer rapidement vers un mode où le produit et/ou le service est réellement pensé par rapport au client et non pas en fonction des contraintes historique ou des avantages «actionnaires». D'autres secteurs en revanche, doivent en revanche se repenser de façon plus profonde, sous peine de disparaître complètement.
Pour le start-ups, c'est pareil. Il y a un terreau plus fertile pour certaines activités que pour d'autres. Croire que nous pourrions lancer le prochain facebook depuis ici ne semble pas être un très bon pari. La bataille pour ce type de plateformes se joue dans la Silicon Valley. Pour tout un ensemble de raisons, c'est là-bas que cela se passe. Ils ont réussis à créer une traction.
En revanche, un gros handicap de notre pays face à l'accélération des cycles de changements tient dans le fait que nous sommes beaucoup trop gâtés. Ce qui induit un regard pas toujours objectif, sur ce qu'il se passe réellement dans le reste du monde. De plus, notre habitude de prendre le temps de bien faire les choses est une arme à double tranchant. Perdre trop de temps peut avoir comme signification de «rater le train». Je ne dis pas que nous devons changer notre ADN, il faut juste accélérer le rythme.